Les annonces de neutralité carbone se multiplient, et de plus en plus d’entreprises publient leur Bilan Carbone. La maîtrise des émissions de gaz à effet de serre est de plus en plus au cœur des préoccupations des entreprises. Du grand groupe aux plus petites structures, elles s’appuient souvent sur un Bilan Carbone pour mesurer, puis réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. En quoi consiste ce Bilan et comment le réaliser ?
Comme le rappelle le Groupe d’experts environnemental sur l’évolution du climat (GIEC), une bonne part du réchauffement climatique que nous connaissons aujourd’hui est d’origine anthropique. Il est directement responsable de phénomènes tels que la montée du niveau, de la température et de l’acidification des océans ou encore la hausse du nombre et de la fréquence des catastrophes naturelles. Tous ces changements auront des impacts significatifs sur la biodiversité, l’alimentation mais plus largement sur la viabilité pour l’homme de certains écosystèmes.
L’Accord de Paris prévoit de limiter la hausse de la température à 1,5 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Cet objectif ne saurait être atteint sans une forte implication des entreprises, quelles qu’elles soient. Il incombe en effet à chacune d’entre elle de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, de façon à limiter son impact sur l’environnement et sur le dérèglement climatique.
La comptabilité carbone est un outil structurant dans cette lutte. Il permet aux entreprises de disposer d’une base solide pour mesurer la dépendance de leur activité au carbone en effectuant ne photographie exacte des différents gisements d’émissions de gaz à effet de serre au sein de leur organisation. Il leur permet donc de disposer d’une base solide pour réduire leurs émissions de GES et s’engager dans la transition bas-carbone.
La méthodologie du Bilan Carbone n’est pas applicable qu’aux entreprises. Il est également possible de réaliser le Bilan Carbone d’un événement ou d’un projet.
2) La réalisation d’un Bilan Carbone repose sur une méthodologie encadrée par l’ADEME et l’Association Bilan Carbone
Comme le rappelle l’Association Bilan Carbone dans son Guide méthodologique Bilan Carbone, Objectifs et Principes de comptabilisation, « le terme Bilan Carbone désigne la méthode développée par l’Agence de la Transition Ecologique (ADEME) et l’Association Bilan Carbone (ABC), qui propose la définition et la mise en œuvre d’une démarche de progrès en matière de GES, d’évaluation et de réduction des GES pour les organisations (Bilan Carbone®) ainsi que pour les territoires (Bilan Carbone® Territoire). »
Le terme Bilan Carbone désigne alors également les tableurs et manuels d’utilisation associés mis à disposition par l’Association Bilan Carbone pour permettre aux organisations de réaliser leur Bilan Carbone.
Réaliser un Bilan Carbone permet aux entreprises de mesurer les GES et de donc de trouver in fine des leviers pour réduire leur empreinte environnementale. Si cette réduction est bénéfique pour l’environnement, ce n’est toutefois pas le seul élément à prendre. Réduire ses émissions de GES et sa consommation énergétique, c’est également réduire sa dépendance énergétique et plus spécifiquement sa dépendance aux énergies fossiles en voie de raréfaction. On parle parfois de limiter sa vulnérabilité carbone. Réaliser un Bilan Carbone permet également à l’entreprise de communiquer au sujet de son engagement environnemental en évitant tout risque de greenwashing.
Comme évoqué plus haut, la réalisation d’un Bilan Carbone s’effectue selon une méthodologie bien précise. Cette méthodologie repose sur l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre de différents périmètres. Ces périmètres sont usuellement désignés par leur traduction anglaise : scopes. Ils ont été définis par la norme ISO 14069.
Pour bien comprendre ce que recouvrent ces scopes, commençons par définir deux notions clés : les émissions directes de GES et les émissions indirectes de GES :
Ces scopes sont au nombre de trois :
Source : OMNEGY (compilation des méthodologies Bilan GES, GHG, et ISO)
Les émissions de scope 3 couvrent les émissions indirectes de l’entreprise. Les calculer peut donc parfois sembler superflu pour les entreprises qui sont nombreuses à ne pas comprendre leur responsabilité dans ces émissions qualifiées d’indirectes, sur lesquelles elles ont donc moins de visibilité et de contrôle. En conséquence, il est difficile d’avoir des chiffres précis et fiables sur les émissions de scope 3. Elles revêtent tout de même une importance capitale car elles sont souvent plus importantes que les émissions de scope 1 et 2, et ces émissions de scope 3 constituent un segment reporté comme étant en hausse (source).
Une part significative de réduction d’émissions est donc possible en ciblant ces émissions. Voici 3 raisons de calculer les émissions de scope 3 :
Le dioxyde de carbone (CO2) n’est pas le seul gaz à effet de serre. Cinq autres gaz sont pris en compte dans le cadre du Bilan Carbone : le méthane, le protoxyde d’azote, l’hydrofluorocarbure, le perfluorocarbure et l’hexafluorure de soufre.
L’Association Bilan Carbone distingue 5 étapes dans la démarche Bilan Carbone :
Le calcul des émissions de GES s’effectue durant cette étape. Concrètement, il s’agit de cartographier les flux de l’entreprise, recenser les données, puis d’y appliquer le facteur d’émission correspondant. Ce sont les facteurs d’émission qui vont permettre de déterminer la teneur en gaz à effet de serre d’une activité. En France, ils sont estimés par l’ADEME et répertoriés dans la Base Carbone, mais aussi par des entreprises privées.
Les termes Bilan Carbone, bilan carbone (sans majuscules), bilan GES et évaluation GES sont souvent utilisés comme des synonymes. Ils ne renvoient pourtant pas aux mêmes outils ni aux mêmes calculs.
En effet, il n’existe pas une mais plusieurs méthodes pour quantifier et comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise. Aucune de ces méthodes n’a pour le moment fait l’unanimité entre les pays à l’échelle internationale.
En France, la loi Grenelle II de juillet 2010 impose à certaines organisations de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre réglementaire. Il s’agit :
Depuis 2015 et en vertu de la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, le bilan réglementaire des organisations doit être renouvelé :
Tout manquement est passible d’une amende d’un montant de 1500 euros maximum.
À compter de 2024, les nouvelles réglementations sur les bilans carbone imposent le reporting aux entreprises de plus de 250 salariés avec un chiffre d’affaires d’au moins 40 millions d’euros ou un bilan d’au moins 20 millions d’euros, incluant celles opérant en Europe, même sans y être basées. La directive CSRD étend ces obligations à environ 50 000 entreprises (contre 10 000 auparavant sous la NFRD).
Cependant ces nouvelles directive seront mises en application progressivement :
En effet dès 2025, les grandes entreprises devront préparer leurs données pour un reporting en 2026, suivi par les PME cotées et certains établissements financiers en 2027 (source).
Le bilan GES réglementaire et le Bilan Carbone ne reposent pas sur les mêmes calculs. Les principes de calculs sont les mêmes, par contre les scopes changent, et les GES comptabilisés aussi. Le Bilan Carbone étant plus complet que le bilan réglementaire.
Pour bien comprendre la différence entre ces deux audits, revenons aux scopes évoqués plus haut. Le bilan réglementaire ne prend en compte que les scopes 1 et 2. Il ne prend donc en compte que les émissions directes et une partie des émissions indirectes. Les entreprises sont incitées à calculer les émissions induites par le scope 3 mais n’y sont pas contraintes.
Quid des autres méthodologies permettant de calculer son empreinte carbone ?
D’autres méthodologies permettent de calculer les émissions de GES induites par le fonctionnement d’une entreprise. On peut notamment penser à l’ISO 14064-1-2-3:20063, ou l’ISO 14069:2013 à visée européenne ou encore au Greenhouse Gas Protocol fondé par World Resource Institute et le Works Business Council for Sustainable Development, il a vocation à être un standard international.
Le coût d’un Bilan Carbone dépend d’une part du niveau de précision de celui-ci, il existe :
D’autre part, il va varier considérablement d’une entreprise à une autre : globalement, la difficulté (et donc le prix) va différer en fonction du périmètre, du nombre de scopes étudiés, du nombre de sites de l’entreprise, du nombre de flux dans l’entreprise etc…
Son coût peut néanmoins être pris en charge à près de 70 % par l’Agence de la Transition Energétique.
OMNEGY a mis en place un calculateur des émissions de CO2 des entreprises. Nos experts énergie sont disponibles pour vous accompagner dans la réduction de vos émissions de gaz à effet de serre.